Au moment où au Cameroun, le poste de maire de certaines villes n’est réservé exclusivement qu’aux autochtones, ailleurs, la compétition électorale est ouverte à tous ceux qui ont la nationalité du pays, qu’ils soient aborigènes ou allogènes. En France, plusieurs centaines de candidats aux municipales, dont le second tour se joue ce dimanche 28 juin, ont des racines camerounaises.
Le monde bouge, les barrières tombent, la planète terre devient un village, un village pour tous, partout. En France par exemple, c’est une espagnole d’origine qui est maire de Paris ; une immigrée du Sénégal est ministre et porte-parole du gouvernement ; un petit-fils d’Hongrois a été président de la République en France. A l’Assemblée nationale siègent 26 députés nés en Afrique, binationaux ou ayant des liens familiaux forts avec le continent africain… En Allemagne, en Belgique, en Espagne et partout ailleurs, les chances sont égales pour tous les résidents qui ont la nationalité. Pas de protectionnisme, aucune discrimination entre les peuples. En Angleterre, des citoyens de 21 nationalités différentes siègent dans les conseils municipaux. Il n’y a pas longtemps, un ressortissant d’un pays d’Afrique a même été président de la république aux Etats-Unis d’Amérique, pendant deux mandats. Des exemples sont légion à travers le monde.
LA NATIONALITE CAMEROUNAISE OU RIEN
Pas de double nationalité. Les élections des conseillers municipaux en France, comptaient au départ le 15 mars 2020, près de 300 candidats ayant des liens ombilicaux avec le Cameroun. Plusieurs ont gagné dès le premier tour et occupent aujourd’hui de très hautes fonctions dans différents exécutifs communaux. D’autres seront encore au départ pour le deuxième tour, ce 28 juin. La franco-camerounaise, originaire du Nyong-et-Kelle, Georgette Léonie Libaï, était même face à Anne Hidalgo, Rachida Dati, Agnès Buzyn… en course pour la Mairie de Paris, en bonne place sur la liste conduite par le célèbre mathématicien Cédric Villani. Des natifs du Cameroun osent ainsi en politique, très loin de leur pays d’origine, où il leur est quasiment impossible avec une autre nationalité, d’ambitionner de se présenter à une quelconque élection. Hervé Emmanuel Nkom, qui a la nationalité française, n’y croyait pas, il voulait se présenter à l’élection législative au Cameroun le 9 février dernier, la Cour constitutionnelle de son pays a rejeté son dossier de candidature, au motif que la double nationalité n’est pas reconnue par la constitution. On lui a signifié qu’« On perd de facto sa nationalité camerounaise dès lors qu’on prend une autre citoyenneté ».
CAMEROUNAIS A L’ASSAUT DES MUNICIPALITES EN FRANCE
Pour le second tour des municipales de dimanche, Jean Jacques Um, l’arrière petit-fils du nationaliste camerounais Ruben Um Nyobe, conduira une liste divers gauche à Mairie de Fresnes, ville de 27416 habitants, sa compatriote Adeline Boum III est dans son équipe ; Patrice Ondoua est sur la liste de Etienne Lendereau en course à la Mairie de Montrouge ; la ville de Goussainville dans le 95, aura deux natifs du Cameroun sur la ligne de départ : François Kingué Mbanguè et Yannick Owona, sur la liste du rassemblement de la gauche ; dans le 20ème arrondissement de Paris, Epara Epara Epency Bodé, maire-adjoint sortant, en charge des sports, ancien footballeur des moments de gloire du Tonnerre Kamara club de Yaoundé, sera en course et en bonne position, sur la liste d’union de la gauche, conduite par Eric Pliez, soutien d’Anne Hidalgo pour la Mairie Centrale de Paris. L’ancienne journaliste, Monique Véronique Maah, présentatrice de l’émission à succès « Tam-Tam Week-end » sur la télévision nationale camerounaise (CRTV) est candidate à la Marie de Emerainville dans le 77 en Seine-et-Marne, en équipe avec Alain Kelyor, pour un deuxième mandat. Caroline Adomo, maire-adjointe sortante de la ville de Champigny-sur-Marne, en région parisienne, est candidate pour un nouveau mandat, sur une liste de la gauche, menée par Christian Fautre, maire sortant. Comme la très dynamique Georgette Libaï, à la Mairie de Paris, sa compatriote, Pierre De Gaétan Njikam - Mouliom, continue de nourrir ses grandes ambitions pour la ville de Bordeaux. Il est bien placé pour reprendre tout au moins le poste de maire-adjoint qu’il a occupé pendant la dernière mandature, sous Alain Jupe. L’autre Camerounais, Fidèle Onomo Ngo Neng Marip, est candidate sur une liste de la droite à Athis-Mons, dans l’Essonne. Dans la ville de Arcueil, c’est Benoit Joseph Onambélé, qui conduit la liste divers centre, sur laquelle on retrouve deux autres Camerounais (Thierry Menanga et Amigo Yonkeu). L’énumération n’est pas exhaustive, ils sont nombreux encore en course ou qui ont été élus depuis le premier tour.
BONNE MOISSON DÈS LE PREMIER TOUR
Beaucoup d’autres candidats aux origines camerounaises ont été élus dès le premier tour. Ils siègent déjà au sein de leurs municipalités. La plus jeune franco-camerounais dans un exécutif communal, reste incontestablement Madame Halleur Echaroux Djoufack Leslie, 32 ans, élue en mars denier, sur la liste de Joël Surier (la droite), au Conseil municipal de Saint-Mammès, ville de plus de 3300 habitants, dans le 77 en Seine-et-Marne. Elle est désormais la troisième maire-adjointe, en charge des affaires scolaires, de l’éducation et du projet jeune. Madame Halleur Echaroux Djoufack est une princesse en Afrique, petite-fille de la cour royale du village Menouet à Foto-Dschang, dans la région montagneuse de l’Ouest du Cameroun. Plus loin à Saint-Prix, les électeurs de la ville ont porté leur choix dès le premier tour, sur la liste divers droite, que conduisait Céline Villecourt, avec dans son équipe la Camerounaise Honorine Ngo Djob. Il en a été de même à Fosses (95470) ville de 9622 habitants, où le pharmacien Blaise Ethodet-Nkake, natif de Cameroun, a été élu sur la liste de l’union de la gauche, portée par Pierre Barros, maire sortant. Blaise Nkake est désormais maire-adjoint, délégué à l’intercommunalité, à l’emploi et à l’insertion, de cette ville de Fosses. Avec 63,63% Caroline Bakwo a été réélue au Conseil municipal de la ville de Ballancourt-sur-Essonne, sans avoir besoin de passer par le second tour. Pour son quatrième mandat à la Mairie de Chevilly-Larue (Grand-Paris), Hermine Rigaud, digne fille de Mbanga Calvin, du village Limouck, près d’Eseka au Cameroun, n’a eu aucune difficulté à se faire réélire au premier coup, par 58,82%, avec la liste de Stéphanie Daumin, face à leurs deux adversaires de LREM et LR. Hermine a été reconduite pour 6 nouvelles années (troisième mandat), au poste de maire-adjointe, en charge du « Développement social et solidarités ; Retraités et Handicap ». La ville de Chevilly-Larue est de gauche, avec une population de plus de 20000 personnes.
CHEF ABY