Le gouvernement camerounais invective vertement l’organisation internationale des droits de l’homme « Human Rights Watch ». Sur une déclaration largement diffusée samedi dernier sur les antennes de la radio nationale et sur certains médias privés, proches du pouvoir, le porte-parole du ministère de la défense affuble l’ONG de tous les appositifs. [photo : Joseph Beti Assomo, le ministre camerounais de la défense et ses troupes]
A l’origine, la publication récente sur le site de l’ONG « Human Rights Watch », des listes des civils, contraints par les militaires, à la garde de nuit. Listes affichées sur un mur au marché de Mozogo, dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun, où la secte islamique Boko Haram sévit depuis de nombreuses années. Au bas de chaque feuille, sous la liste des noms, figurent ces instructions données par les autorités locales : « Nous prions chaque responsable du groupe et chaque militaire présent au poste de bien vouloir appeler et vérifier celui qui est présent et absent enfin de punir ce dernier. Le départ au poste à 18h00 et la sortie du poste à 4h00 ».
« MERCENAIRE DROITS-DE-L’HOMMISTE »
En réaction à cette révélation, le pouvoir de Yaoundé, par la plume de Monsieur ATONFACK GUEMO Cyrille Serge, le responsable de communication du ministère camerounais de la défense, qualifie la publication de « Human Rights Watch », d’attaque qui « …vient d’une prétendue organisation non-gouvernementale, pourtant largement arrosée de capitaux par des puissances étrangères dont elle est devenue le cheval de Troie humanitaire. Toujours fidèle à sa logique de démolition de l’image du Cameroun, et usant de ses canaux habituels d’intoxication de l’opinion, Human Rights Watch, ce véritable porte-flambeau du mercenariat droits-de-l’hommiste, s’en prend à présent aux comités de vigilance, présumés recruter des enfants mineurs dans leurs rangs ». Il affirme que : « L’ennemi ne dort jamais ! Concernant le Cameroun, chaque jour qui passe conforte la véracité de cette sagesse populaire… »
Ce haut gradé de l’armée camerounaise, qui porte le galon de Capitaine de Frégate, explique pour essayer de dédouaner son régime, que : « …Les comités de vigilance sont des initiatives citoyennes propres à chaque communauté villageoise. Ils sont constitués de volontaires bénévoles qui consacrent une partie de leur temps à la surveillance de leur terroir. Les comités de vigilance ne reçoivent ni formation, ni armement de la part des pouvoirs publics. A l’instar de tous les autres citoyens, les membres des comités de vigilance sont des personnes majeures astreintes au respect des lois et règlements sur la fabrication, la détention et le port d’armes à feu ». Il poursuit en disant que : « L’affichage sur la place publique de la liste des membres des comités de vigilance n’est ni permis à l’armée, ni d’aucune utilité pour ses opérations. Par contre, si la tenue par Human Rights Watch, de la liste nominative des milliers de comités de vigilance que compte le pays n’est déjà pas un acte de pur espionnage, déceler la présence du seul enfant enrôlé parmi des dizaines de milliers de personnes que totalisent lesdits comités relève tout simplement de la prestidigitation. »
DOUTE SUR L’HONNÊTETÉ DE HUMAN RIGHTS WATCH
Le Capitaine de Frégate ATONFACK GUEMO, avoue avec certitude que l’objectif de la publication de l’ONG Human Rights Watch, « …réside ailleurs que dans la défense des enfants mineurs. La fumisterie consiste en l’usage d’un pseudo-parallélisme factuel, ans l’optique de recouvrir d’un vernis de légitimité, la violation par les terroristes des droits des enfants transformés soit en combattants, soit en bombes humaines. Ce phénomène est plus connu sous le terme d’enfants-kamikazes ». Pour luis, la temporalité de la sortie l’ONG des droits de l’homme, qui survient seulement quelques heures après l’interpellation des présumés assassins de la Gardienne des prisons Florence Ayafor, n’est pas un hasard : « Il s’agit de faire ombrage à l’efficacité de nos services de sécurité, dont le coup de filet est susceptible de remonter le circuit des commanditaires de l’insécurité dans le Nord- Ouest et le Sud-Ouest ». Avant de s’interroger : « …Est-ce vraiment innocent qu’une aussi forte résonance soit donnée à des insinuations d’une douteuse crédibilité, alors même que le supplice de la regrettée Florence Ayafor, publié en son temps sur les réseaux sociaux par ses tortionnaires, n’avait suscité aucun commentaire de la part de ceux qui aujourd’hui embouchent les trompettes de l’immunité juvénile ? Dans certains cercles manifestement, le monde s’effondre, l’honnêteté avec. Juste pour paraphraser Chinua Achebe ».
UNE SORTIE MALHABILE QUI NE SERT PERSONNE
Le porte-parole du ministère des forces armées, boucle son argumentaire de blanchiment par ces termes plus âcres encore : « …la maléfique inventivité, la démoniaque illumination de nos ennemis, n’ont d’analogue que la douleur du ressentiment criminel qui les consume. Aussi sont-ils prêts à toutes les avanies, à toutes les impostures, à toutes les calomnies, plongés qu’ils sont dans une angoisse cauchemardesque, à la seule idée de savoir le Cameroun debout. Le Cameroun... Ce pays qui continue de poser les jalons de sa prospérité future, en dépit des coups redoublés d’une adversité désormais aux abois. Une adversité qui n’a pas fini de se briser les dents, contre la formidable résistance, résilience d’un peuple à l’esprit à jamais indomptable ».
La dissension est désormais très ouverte entre Yaoundé et de l’ONG « Human Rights Watch » avec son directeur pour l’Afrique Centrale, Monsieur Mudge Lewis. Au sein de l’opinion nationale camerounaise, on s’interroge si cette sortie, aussi maladroite du gouvernement, était nécessaire ?
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