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Amos Traore | Africain.info | samedi 8 février 2020
Le Niger possède l’un des plus importants gisements d’uranium au monde et de ce fait attire la convoitise de grands groupes industriels. La firme française Areva, devenue depuis peu Orano, a signé un contrat à long terme avec l’état du Niger pour exploiter le gigantesque gisement d’uranium d’Arlit au Nord du pays. L’implantation de cette société au Niger, a suscité de nombreux espoirs au sein des populations locales, mais il se pourrait bien que derrière l’eldorado d’Arlit se cache aussi une réalité effrayante.
Amina Weira, une jeune réalisatrice de 29 ans, native de la localité d’Arlit a réalisé un film qui lève le voile sur le drame sanitaire qui se joue actuellement dans sa ville natale. Son oeuvre cinématographique, intitulée " La colère dans le vent ", met en lumière l’exposition des populations à la radioactivité émise par la mine d’uranium d’Arlit. La jeune femme livre entre autre que sa ville a connu un développement spectaculaire, suite à l’arrivée d’Areva qui a ainsi construit des infrastructures sanitaires, routières et éducatives pour les employés de la ville.
Des milliers de jeunes gens se sont rués vers le site de la mine pour y élire domicile et y décrocher un emploi, dans un pays où le chômage atteint des niveaux records. Mais derrière ce beau tableau, se cache une bien triste réalité. Grâce à un travail minutieux, Amina Weira a montré que de nombreuses personnes souffrent de graves pathologies, car elles ont consommé régulièrement des eaux polluées par les déchets radioactifs de la mine. Les cas de maladies respiratoires, de cancers, d’accouchements difficiles avec naissance de bébés mal formés, sont légion.
Dans La colère dans le vent, il ressort que plusieurs anciens employés de la mine d’Arlit sont décédés à la suite de paralysie totale ou de maladies inexpliquées. La jeune réalisatrice tire donc la sonnette d’alarme sur la catastrophe écologique et sanitaire qui se déroule aux yeux de tous depuis 2016 (date à laquelle le gisement d’Arlit fut mis en exploitation). Le site minier a été construit sous une importante nappe phréatique et malheureusement, celle-ci est désormais hyper polluée. Tout l’environnement autour de la mine serait pollué, les habitants qui utilisent l’argile d’Arlit pour construire des maisons sont exposés à une radioactivité très élevée, car l’argile est contaminée.
De plus, les tempêtes de sable qui sont régulières dans la zone, propagent les substances radioactives. La ferraille contaminée abandonnée est réutilisée par les populations locales pour fabriquer des ustensiles de cuisine qui inondent le marché local et sous-régional notamment le Nigéria. Le documentaire d’Amina Weira a connu un succès retentissant à l’international, ce qui lui a permis d’interpeller de nombreuses institutions sur le fait qu’il faut urgemment prendre des mesures idoines pour stopper les effets de la radioactivité à court et à long terme, et pour sauver tout une génération de jeunes nigériens qui habite à proximité de cette ville.