En République du Togo en Afrique, c’est jour d’élection aujourd’hui. Les électeurs se rendent aux urnes, pour élire le nouveau Chef de l’état. Le scrutin intéresse particulièrement les Togolais de la diaspora. De Paris à Accra, ils ont bien voulu se confier à nous, sur les enjeux et l’attrait de cette concertation populaire.
Le contexte est particulier. Le scrutin de ce samedi, 22 février 2020 au Togo, s’annonce palpitant, après 50 ans de pouvoir de la famille Gnassingbé, Etienne Eyadéma ayant pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat le 14 avril 1967 avant que son fils, Faure Eyadéma, ne devienne à son tour chef de l’Etat en avril 2005, à la mort du père. Surtout, les dernières mesures adoptées en mai 2019, pour modifier la constitution, qui stipule que le président sortant ne pourra briguer un autre mandat après 2020. Du coup, les enjeux de cette élection apparaissent plus crédibles aux yeux des exilés togolais.
BESOIN D’ALTERNANCE
« Les enjeux de la présidentielle du 22 février prochain au Togo sont de taille. Sachez avant toute chose que le Togo n’a jamais connu d’alternance depuis l’assassinat du 1er président de la jeune République togolaise Sylvanus Olympio et que le pays a été régenté depuis lors jusqu’aujourd’hui par une seule famille, la famille Gnassinbé qui, par tous les moyens œuvrent à asseoir son pouvoir à vie. Ensuite, il faut que l’opposition fasse tout pour remporter cette élection pour relancer le pays qui vit dans une léthargie sur tous les plans », explique Madame Djagba Foussena Leila, depuis Accra au Ghana. Elle poursuit : « Il faut nécessairement œuvrer pour une refondation de l’Etat togolais parce que les institutions de la République sont presque inexistantes sinon inféodées au pouvoir d’Etat incarné par la famille Gnassinbé. Il est bien vrai que ça ne sera pas facile mais à voir les enjeux que revêt cette présidentielle, il faut à tout pris que l’opposition la remporte. La victoire de l’opposition va préparer le pays à une transition qui permettra de doter le pays d’institutions fortes ». Et si elle salue l’obtention, après des semaines entières de manifestations, du vote de certaines diasporas togolaises, Foussena Leila invite ses compatriotes expatriés à continuer le combat pour que toutes les diasporas du pays bénéficient de ce droit.
« Pendant longtemps, les Togolais résidant à l’étranger n’ont pas eu la chance de faire valoir leur droit civique comme c’est le cas des Sénégalais, Béninois, le Ghanéens pour ne citer que ceux-ci. Mais avec les manifestations de contestation du pouvoir au Togo lancé le 19 août 2017 par le leader du PNP Salifou Atchadam TIKPI, des revendications dont le vote de la diaspora y figuraient. Donc face à la détermination des populations togolaises qui manifestaient à l’intérieur que dans les diasporas respectives, le pouvoir de Lomé a cédé », confie encore Madame Djagba, avant de marteler. « Il est bien vrai que c’est 5 Etats de la diaspora dont la France dans lesquels se trouve compatriotes qui sont choisis pour permettre aux Togolais de ces pays de faire valoir leur droit de vote. Cela n’est qu’une première et nous nous battrons pour que prochainement cela s’étende à d’autres Etats dans lesquels vivent nos compatriotes. Vous savez que beaucoup de nos frères et sœurs togolais résident en France. Je crois que c’est la raison principale. »
SCRUTER L’AVENIR
L’ancien international et footballeur professionnel, Charles Tokplé, qui vit en France depuis 1975, porte pour sa part, deux regards différents sur cette présidentielle. « D’un côté, je constate que le président Faure Gnassingbé, à son arrivée au pouvoir, avait de bonnes intentions. Il a réalisé quelques infrastructures notamment routières, essentiellement, à Lomé, la capitale. Je pense qu’il est jeune, on peut encore lui accorder un mandat. De l’autre côté, la culture, le sport ou encore le monde rural, n’ont pas été mis en valeur. Or ce sont des secteurs qui regorgent de talents qui ne demandent qu’à éclore ? Je suis convaincu que si l’on désenclavait l’arrière-pays pour permettre aux agriculteurs de transporter facilement leurs produits jusqu’en ville, ils seraient plus heureux et tout le pays avec », affirme celui qui est aujourd’hui éducateur sportif en région parisienne et promoteur de la marque sportive STAR.
Quant à l’avenir du Togo : « Si tout se passe bien jusqu’à la proclamation de la vérité des urnes, c’est-à-dire des vrais résultats le Togo entrera dans une ère nouvelle. Le Togo retrouvera ses lettres de noblesse, c’est dire qu’il deviendra "l’Or de l’humanité" comme nous le chantons si bien dans notre hymne national. Je dirai tout court, il fera bon au Togo. Mais si les assoiffés du pouvoir à vie fraudent une nouvelle fois et mettent les populations aux pas comme ce fut le cas en 2005, vous verrez cette fois-ci que le Togo basculera parce que trop, c’est trop. Merci », conclut Foussena. Alors que pour Charles Tokplé : « Les Togolais doivent massivement s’impliquer dans la construction et le développement du pays ».
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