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Chef Aby | Africain.info | mercredi 4 décembre 2019
Après l’enlèvement et l’assassinat d’un responsable d’une ONG humanitaire locale, sociétaire de l’ONU, un avion de la compagnie de transport aérien camerounaise vient de faire l’objet dimanche dernier, d’une attaque en plein vol à Bamenda, ville-capitale d’une des régions anglophones, théâtre des combats entre l’armée nationale régulière et les combattants sécessionnistes.
Malgré le silence des autorités de Yaoundé jusqu’ici, c’est toute la société civile locale et la communauté internationale qui s’indignent, à commencer par Madame Allegra Baiocchi, coordinatrice des affaires humanitaires au sein du système des Nations Unies au Cameroun. Tous condamnent l’enlèvement et l’assassinat samedi dernier, de Monsieur Ngwayi Pascal, président de l’ONG humanitaire COMINSUD, partenaire de l’ONU, dans le village de Donga - Mantung, dans le Nord-ouest du Cameroun. Pourtant, ce denier était en mission assistance, dans cette localité anglophone du pays, où sévit depuis le 2017, un conflit armé sans précédent, qui a déjà fait plusieurs milliers de morts et des violations atroces des droits de l’homme.
DES COMPLICITES INSOUPÇONNABLES ?
On s’interroge si le silence des autorités camerounaises ne serait pas une confirmation de l’affirmation selon laquelle certains crimes de guerre sont perpétrés par des groupes armés à la solde de l’état, pour semer la confusion au sein de la lutte armée du peuple anglophone. Autre indice : En septembre dernier, au moment où une vidéo circulait sur les réseaux sociaux, présentant la scène de l’enterrement vivante d’une femme dans la localité de Guzang, dans la même région en conflit, le ministre en charge de l’administration du territoire (ministre de l’intérieur), avait curieusement adressé une correspondance au responsable de région, le gouverneur Lele Adolphe Lafrique, pour lui demander de prendre des mesures matérielles pour soutenir les actions des « comités de vigilance » qui travaillent avec les forces gouvernementales qui seraient responsables de tueries, d’usage excessif de la force, d’incendie de maisons, de détentions arbitraires et de torture, sur les populations anglophones déjà victimes des discrimination structurelle.
COUPS DE FEU DANS L’ESPACE
On en était encore à épiloguer sur les raisons, les circonstances et les auteurs de l’assassinat de Pascal Ngwayi, qu’on annonce l’attaque d’un l’avion dans la même zone. Hier mardi, la direction de Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) a confirmé que l’aéronef immatriculé TJ-QDB de type MA60, de la compagnie a essuyé des tirs d’arme à feu au moment de son approche pour l’atterrissage à l’aéroport de Bamenda à Bafut. « Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée et grâce à la bravoure du commandant de bord, l’avion a pu atterrir sans heurt en dépit de l’impact observé sur son fuselage ». Elle ajoute que suite à cet incident, l’aéronef a été immobilisé pour procéder, de concert avec les autorités techniques compétentes, à l’évaluation de l’impact. Avant que l’enquête ouverte pour identifier les auteurs de cette attaque ne prospère, la compagnie a repris ses activités en réaménageant son planning de vols, en implorant la confiance de sa clientèle.
ATTAQUE SIGNEE : LE GENERAL FIELD MARSHALL
Aux dernières nouvelles, l’attaque aurait été revendiquée par le « Général Field Marshall », patron du Red Dragons, l’armée d’Ambazonie, la république fantoche des séparatistes anglophones. Elle aurait été perpétrée à l’aide des armes lourdes, de marque et provenance encore inconnues, ainsi que des explosifs de fabrication artisanale appelés « Lefangse », « Nkiageh » et « Fontem Asongani ».
Ces deux événements récents confirment le constat du Sous-secrétaire d’Etat américain, chargé des affaires de l’Afrique, Monsieur Tibor NAGY, qui a expliqué lors de son audition devant le parlement, il ya quelques jours, que les gens qui entourent le chef de l’état camerounais, Paul Biya, et lui font miroiter une victoire militaire, se trompent, car selon lui, « aucune victoire militaire dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest du pays, n’est possible ». Il propose que le gouvernement engage de véritables négociations avec les forces sécessionnistes, en prenant notamment une solution qui satisfassent les modérés anglophones. Force est de constater comme ce diplomate américain que « …face à l’entêtement du régime de Yaoundé à résoudre cette crise par son l’armée, bon nombre d’anglophones qui se sentaient d’authentiques camerounais préfèrent désormais la séparation ».
CHEF ABY
