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Chef Aby | Africain.info | vendredi 29 mai 2020
Ce jeudi 28 mai, la prison centrale de Douala a été au centre de toutes les attentions au Cameroun. Un gigantesque incendie s’est déclaré dans ce milieu carcéral particulièrement surpeuplé. Prisonniers, gardiens et autorités étaient en panique. Le premier bilan fait état des pertes importantes.
Le feu s’est déclaré dans un dortoir du « quartier Texas » autour de 15 heures, avant que les flammes ne se propagent partout. Les sapeurs Pompier arrivés rapidement, ont eu beaucoup du mal à maitriser les fortes flammes qui fusaient de partout. La prison de Douala est située à New-bell, un quartier populeux et très encombré de la ville, ce qui a rendu l’accès trop compliqué aux opérations de secours.
BILAN CONSIDERABLE
La plus haute autorité de la région, le Gouverneur du Littoral, Monsieur Ivaha Diboua Samuel Dieudonné, très actif, était sur le lieu du sinistre dès les premières heures, pour diriger les opérations de secours. Il a judicieusement fait rabattre sur la cour intérieure, du côté opposé aux flammes, la très nombreuse population carcérale de ce pénitencier. Pendant que le feu gagnait en intensité, quelques détenus ont voulu profiter de la situation pour tenter de s’évader, en escaladant la grande muraille de toute part. Ils ont été cueillis par les éléments de la force de maintien de l’ordre, disposés en ceinture de sécurité, autour de la prison.
Le bilan provisoire dressé par le Gouverneur Ivaha Diboua lui-même, fait état d’importantes pertes matérielles et de plusieurs blessés parmi les prisonniers, dont cinq cas au pronostic vital engagé, qui ont été évacués en urgence, dans les hôpitaux de la ville. Les causes de l’incendie restent encore non élucidées.
LE CAMEROUN A MAL A SES PRISONS
Construite depuis l’époque coloniale, pour une capacité environ 700 place, la prison centrale de New-Bell à Douala loge aujourd’hui plus de 4900 personnes, avec 250 gardiens. C’est une prison mixte qui accueille dans une promiscuité dangereuse, des hommes, femmes, mineurs, personnes de troisième âge… petits délinquants, grands criminels et des condamnés à mort (le Cameroun applique encore la peine de mort). Mais tous n’y sont pas logés à la même enseigne : Il y a ce qu’on appelle là-bas « quartiers résidentiels » où logent confortablement des bandits à cols blancs, puis les « quartiers populaires » où l’on entasse les miséreux à quarante par cellule de douze 12 m2. De véritables « couloirs de la mort ». L’arrogance des « détourneurs de deniers publics » côtoie les menaces de ceux qui croupissent avec les rats, moustiques et cafards. Mais ils baignent tous dans la même crasse et vétusté des installations. Même les gardiens sous-payés n’en peuvent plus. C’est dans cette configuration que, sans surprise, l’incendie de ce jeudi s’est déclenché. Le cas n’est pas spécifique à la seule prison de Douala. Le Cameroun compte 123 maisons d’arrêts dont 10 prisons centrales, pour ses différents chefs-lieux de Régions, avec la capacité d’accueil globale d’environ 5 500 places initiales, mais elles accueillent aujourd’hui plus de 25 000 pensionnaires pour les seules prisons centrales. Avec ce surpeuplement carcéral, on peut affirmer que le Cameroun à mal à ses prisons.
CHEF ABY