Les experts s’accordent à dire depuis un moment, que d’ici à 2050, l’Afrique pourrait connaître une baisse de 20% de ses productivités agricoles, à cause de la dégradation de ses sols et la désertification provoquées par des inondations et la sécheresse. Mais quel rôle les médias doivent-ils jouer, pour accompagner les actions de sensibilisation et de prévention ?
L’Afrique représente 17 % de la population mondiale et est responsable d’à peine 4 % des émissions de gaz à effet de serre, à l’échelle de la planète. C’est aussi le continent qui souffre le plus des conséquences du réchauffement climatique. Et si rien n’est fait, l’Afrique pourrait représenter la moitié des émissions de pollution dans le monde, d’ici à 2030. Une urgence à agir, qui devrait pousser les hommes et femmes de médias, à jouer un rôle plus important, en matière de sensibilisation, d’information et de communication sur le climat.
Un ancien président de la république française, décédé l’année dernière, avait déclaré lors du Sommet de la Terre, en 2002, que : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Pour le paraphraser, on pourrait s’interroger : l’Afrique se dégrade et ses médias regardent ailleurs ? Du nord au sud, l’Afrique est aujourd’hui victime de chocs climatiques répétés ; cette assertion est régulièrement martelée dans toutes les conférences internationales sur le climat à travers le monde, par les pays et africains eux-mêmes, sans pour autant qu’ils définissent un véritablement programme pour éradiquer le mal. Mis à part le grand travail pédagogique des experts, on observe avec beaucoup de surprises ce mutisme des décideurs et médias, mis à part la forte mobilisation de novembre et décembre 2015, pour la COP21 à Paris. Jusqu’ici, nombre de pays africains (Angola, Érythrée, Sud-Soudan…) n’ont pas adhéré à l’accord historique à Paris, entré en vigueur depuis le mois de novembre 2016. Un engagement collectif à limiter la hausse de température à moins de 2 °C.
Pourtant, face à l’assombrissement de l’avenir du continent en matière climatique, les médias en Afrique ne devraient plus rester seulement sur leur rôle classique d’observateur impartial, mais plutôt, ils doivent plus qu’avant, se réinventer une mission de médiateurs de la citoyenneté continentale, en déployant leur aptitudes à faire dialoguer les savoirs, à interpeller les forces en présence, à rendre lisibles les problèmes complexes et le lien local-global.
A ce sujet, il faut observer que le tocsin climatique qu’ont sonné les médias face aux blocages politiques, après le séisme de janvier 2010 en Haïti, au lendemain du sommet climatique de décembre 2009 à Copenhague, en est une parfaite illustration. Pourtant, l’apathie de ces mêmes médias sur les questions climatiques entre 1970 et 2000, avait contribué à aggraver le problème. Aujourd’hui les médias font éviter des paniques, des troubles, des rumeurs et des déplacements inutiles, tout en dynamisant les forces internes de réhabilitation. Mieux, l’information est désormais considérée comme un bien aussi nécessaire à la survie que l’eau, les aliments et les soins de santé.
Le Responsable de la Campagne Océans de Greenpeace Afrique, Dr. Ibrahima Cissé, observe d’ailleurs que : « …La non-sélectivité des impacts du changement climatique appelle aujourd’hui à une responsabilité de toute la planète. Les médias et les leaders africains ne peuvent pas se dédouaner de cela, parce que les pays africains subissent de plein fouet les effets du changement climatique… ». Une interpellation assez forte.
Prenant le taureau par les cornes, l’essayiste, journaliste et conférencier, Jean-Célestin Edjangue, vient de publier un livre sur la question. Son livre paru en début d’année, un volume de 200 pages, a pour titre : « Urgence climatique et développement en Afrique - Les medias en première ligne », édité par "L’Harmattan - Paris". L’auteur, évoque la litanie de son expérience de plus de 17 ans, dans la lutte contre les changements climatiques en Afrique Centrale, pour justifier l’urgence à interpeller les médias africains à se mobiliser davantage, pour la sensibilisation des populations et décideurs, aux questions environnementales.
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